Pendant deux heures, ce sont environ quarante jeunes dirigeant·e·s qui ont ainsi découvert et apprivoisé le concept de renoncement. Ce fut d’abord difficile, tant cette notion est encore connotée négativement et tant elle est de prime abord comprise comme quelque chose de subi, brutal, désorganisé et imposé. Cependant, au fur et à mesure de l’exercice, l’intérêt du renoncement s’est petit à petit imposé et surtout, le soin qu’il porte aux héritages de chaque secteur a permis de le réhabiliter comme une pratique juste et attentionnée.
Quels effets peut-on dès lors en attendre ?
Tout d’abord, cet exercice a donné à voir aux dirigeant·e·s des trajectoires économiques et écologiques alternatives de ces 4 secteurs dans lesquels ils travaillent. L’aéronautique n’est pas condamnée à augmenter les capacités des aéroports et à développer un avion à hydrogène. L’agriculture n’est pas condamnée à utiliser le bio-contrôle comme nouvel outil de réduction d’impact de ses excès. La construction n’est pas non plus condamnée à toujours plus construire mais de façon plus verte. D’autres options sont possibles et avec elles d’autres marchés dans lesquels des dirigeant·e·s engagé·e·s et ambitieux·euses peuvent s’engager. En cela, cet exercice de simulation d’un protocole de renoncement est aussi une forme d’ouverture.
Ensuite, il est possible de reproduire ce protocole à l’échelle d’une entreprise. Les renoncements sont certes sectoriels et les plus symboliques interviendront sans doute à une grande échelle sous l’effet de décisions politiques. Mais ils peuvent aussi procéder d’une addition de renoncements plus modestes. Dans un portefeuille d’activités, il est ainsi tout à fait faisable (et recommandé) de se demander quelles sont ses activités insoutenables (à nouveau, dans la double acceptation du mot). Puis, à partir de celle à laquelle on voudrait renoncer, de comprendre ses héritages et d’imaginer les mesures d’atterrissage qui sont possibles.
Enfin, on espère que cet exercice fait du renoncement une option stratégique valable pour un dirigeant·e. Il ne fait pas partie du panel d’actions possibles qui est habituellement communiqué dans les formations et autres écoles de commerce (qui prônent toujours l’ouverture, la diversification, l’identification de nouveaux leviers de croissance). Et pourtant le renoncement est bien une stratégie possible face à certains risques qui pèsent sur les activités d’une entreprise.